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Cogitations agitées

24 avril 2012

D'un amour à l'autre

D'un amour à l'autre, on se flétrit, on renaît, on se perd, on se découvre, retrouve... D'un amour à l'autre, j'ai surtout eu peur, après toi. Je me suis avancée à petits pas prudents, blottie timidement dans des bras qui n'étaient pas les tiens. Dans les tiens, je ne me suis pas blottie. Je m'y serais jetée si j'avais osé. J'en ai rêvé à défaut. Des nuits entières. Des nuits très blanches et très longues. Ou plutôt, grises. Des nuits à ne plus savoir, à ne plus vouloir, à annihiler mes pensées à vouloir m’anesthésier, écrabouiller mon esprit. Ne plus penser, ne plus penser, ne pas savoir, ne pas aimer, ne plus exister. Ne pas voir l'indicible, rentrer dans la masse, s'enfoncer, s'abrutir. Ne rien savoir, ne rien savoir, ne pas réfléchir. Gris sur gris, mes cernes et mes nuits. Mes larmes asséchées et mes cris rentrés. Gris sur gris, le goudron de la cour, les arbres et la ville. Les trajets interminables entre chez moi et ailleurs, le collège, le lycée, ta présence absente ou ton absence aiguë.

Je me cisaillais au scalpel, douleur sur douleur, je pensais devenir folle, je voulais me perdre dans le rien. Je pensais, naïvement, qu'à l'extrême limite de la souffrance la folie offrait une sorte d'absolution dans le néant, dans le cotonneux. Un répit, en somme. Je ne savais pas que la folie n'est qu'une plus grande douleur encore, une agonie d'angoisse, une infinité de morts successives sans répit, ni trêve.

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24 avril 2012

Lettre à l'absente

Tu ne réponds pas.

J'ai cru, les premiers jours, suite à ta première réponse si encourageante, qu'une conversation allait pouvoir s'instaurer entre nous. Après tant de tentatives avortées. Mais non. J'essaie d'imaginer pourquoi. Peut-être en ai-je encore trop dit. C'est mon problème, une fois que je commence j'ai du mal à m'arrêter. Je vomis des mots, des phrases à ne plus savoir qu'en faire, j'ai envie de tout dire, de me faire comprendre parfaitement, d'expliciter chaque geste, chaque humeur, qu'on sache qui je suis complètement. Qu'on ne se méprenne pas. Surtout qu'on ne se méprenne pas. Je voudrais tout te dire, tout disséquer, pour que tu saches. Pas pour que tu m'aimes, ça c'est au delà de moi, et puis je suis prête à ce que tu ne m'aimes plus. Je crois. Mais que tu saches qui il y a au bout du crayon, comment j'ai vécu, ce que j'ai fait et pensé. Ce qui m'a transformé, transmuté. Suis-je si différente des autres qu'il faille autant d'explications ? Non, sûrement pas. Si tu m'avais fréquenté, mes actes m'auraient révélés, du moins j'imagine. Mais cela fait 20 ans presque que nos chemins se sont éloignés.

Et puis si, finalement, il aurait fallu une explication de texte. L'essentiel de nos vies n'est peut-être pas ce que l'on en perçoit de l'extérieur. Comment percevoir ce en quoi on croit, ce qui nous anime, ce qui nous fait vibrer, rire ou pleurer... J'ai besoin que tu saches, ça. Les convictions qui me portent ou me déchirent. Mes colères, mes peurs, mes amours, mes milliers d'amours, mes amours délirantes, débordantes, contenues à grand renfort d'épuisement et d'oublis contrôlés. Mises sous cloche, sous clé, sous cellophane, enfermées. Mes amours, mon amour... J'ai besoin que tu saches. Et pas que mes amours, parce que ça, c'est plus pour moi que je raconte, quoique, mais ces errances et cette pensée de toi, toujours accrochées quelque part à un clou dans un coin de mon cerveau.

Tu ne réponds pas.

Ma vie a tourné autour de toi. Mon grand amour, c'est toi. Puis-je dire ça sans mentir ? N'ai-je pas eu plusieurs grands amour ? Je peux dire des autres rencontres qu'elles ont été importantes, mais qu'il y a eu un début et une fin. Avec toi, pas de fin. J'en suis presque au même point qu'avant, en suspension, à attendre un dénouement qui ne vient pas. Mon grand amour, celui qui traverse ma vie, serait donc toi. J'ai eu tant de mal à l'admettre. Ça m'a fait si mal, si mal. C'était grandiose, autant de souffrance. Moi qui lisait Baudelaire et les romantiques torturés (fichu pléonasme), moi qui rêvait d'amours sans issue et de douleurs sublimes, j'ai frôlé tout ça de près, pour que ça se termine en eau de boudin. C'est ce qu'on ne raconte pas dans les livres. Comment l'ordinaire de la vie nous rattrape, comment le quotidien nous grignote petit à petit. Moi, je croyais t'aimer parfaitement, mais je voulais tout de toi. Tu me donnais si peu quand j'en attendais tant. Trop, certes. J'ai appris à me contenter des miettes. Des rares sourires que tu distribuais. Enfin, ce ne sont que des généralités, bien sûr qu'il y a eu des phases différentes, des périodes. Notre histoire, si on peut mettre un adjectif possessif tel que celui-là devant ce nom, notre histoire donc a connu des vagues, des hauts et des bas, quelques hauts et beaucoup de bas, une lente dégringolade jusqu'au néant. Mais pas de fin. Pas de parole définitive. Pas d'au revoir. Ni d'adieu. Rien de déchirant ou sublime. Une agonie interminable, plutôt, avec de vagues sursauts, quelques cartes postales échangées au cours des années, quelques retrouvailles à la fois éphémères et ratées.

Tu ne réponds pas.

16 avril 2012

Danser, ne pas penser

Danser reste la façon la plus satisfaisante pour moi de fuir mon propre bavardage intérieur. Je peux aussi m'épuiser et passer mes nuits devant des écrans d'ordinateur à écrire des lettres que je n'envoie jamais, je peux m'agiter en tout sens, brasser de l'air, travailler, lire pendant des heures... mais danser, oui, danser me permet de rester en lien avec moi-même sans me perdre en moi-même. Danser me permet de rester vivante et connectée... Danser me donne une contenance, un but, un moyen d'action... Et danser avec l'autre me permet de ne pas toujours, toujours, avoir à décider... Cela me libère de la dictature de mon cerveau. De l'angoisse de la seconde suivante. Il n'y a rien à faire, juste à être.

Et je suis.

Je suis.

 

 

16 avril 2012

Lettre ouverte à mon amour d'adolescence

N'ayant pas eu de réponse suite à mon dernier mail (qui n'en attendait pas vraiment, d'ailleurs) je me suis inquiétée de savoir si peut-être, malgré moi, j'avais pu te blesser... J'espère que non, parce que c'est la dernière chose que je souhaite faire.

Ce que j'ai peut-être oublié de dire, c'est que, pendant des années, j'ai attendu de voir si un jour nous serions capable de construire une relation qui ne soit envahissante ni pour l'une ni pour l'autre, qui soit respectueuse de l'écologie émotionnelle de chacune de nous... J'y ai cru à plusieurs reprises, en rentrant des USA, surtout. (eh eh, je n'avais pas réussi à t'oublier ! Le problème des voyages, c'est qu'on s'emmène avec soi, et ses sentiments itou). Pendant tout ce temps là, ces 24 dernières années, j'ai attendu. Je me suis toujours dit qu'un jour on se retrouverait. Jusqu'à maintenant. Maintenant, je crois que je n'attends plus. Peut-être suis-je donc vraiment disponible pour quelque chose de neuf qui pourrait naître. Ou pas. En quelque sorte, ça n'a plus vraiment d'importance.

Ce n'est peut-être pas vrai. Peut-être que j'essaie juste de me persuader. Parfois, je ne sais plus moi même qui de moi ou de moi est en train de mentir le plus fort. J'ai tellement appris à cacher, à nier, à ne pas avoir mal, à ne pas avoir froid, à ne pas avoir sommeil... J'ai tellement piétiné ce que je ressentais, pour ne pas le voir, pour ne pas le faire voir, pour ne pas avoir à agir en fonction de ça, pour ne pas blesser...

T'avoir harcelé pendant des années pour te dire aujourd'hui "maintenant, c'est fini, je m'en fous, si tu veux on n'en parle plus..." c'est un peu fort, non ? C'est un peu trop, non ? Et pourtant.

Peut-être pourrait-on décider de tourner vraiment la page. De vraiment recouvrir nos années d'adolescence d'un voile pudique et de nous laisser vieillir tranquillement loin l'une de l'autre. Tant pis, je ne verrai pas la progression des rides sur ton visage ni tes premiers cheveux blancs (que tu n'as peut-être pas encore?) et tu ne verras pas mes enfants grandir. Tant pis, on ne se racontera pas pendant les 30 prochaines années comment c'était, au collège, et puis au lycée, ni nos histoires de mecs, ni nos dernières lectures (et de toutes façon, on n'avait pas les mêmes goûts). Non. Peut-être cette histoire qui devait durer toujours, dont j'ai vraiment cru qu'elle durerait toujours, va elle aussi prendre fin. Mourir, en un mot. S'arrêter. Se terminer. Tomber dans l'abîme du passé (mais pas de l'oubli, non, ça, je n'y crois pas).

Je vais maintenant la conjuguer au passé alors que je l'ai toujours écrite au conditionnel : si... Si tu m'appelais, si tu m'aimais, si tu me regardais, si tu posais ta main, là, ou alors là.. .Qui sait, qui sait alors ce qui aurait pu se passer....

Mais non, non, maintenant, c'est derrière nous.

Je pourrai dire, je dirai sûrement, j'ai aimé cette femme, je l'ai aimée à la folie, je l'ai haïe, je l'ai désirée, je l'ai crainte, je l'ai regardée, oh, comme je l'ai regardée... J'ai pensé à elle, j'ai rêvé d'elle, j'ai passé beaucoup de temps à essayer de penser à autre chose qu'à elle et j'y ai réussi, finalement, j'ai fait ma vie loin d'elle, loin de ses yeux bleu- perçant, loin de ses lèvres fines, loin de ses bras puissants... J'ai fait ma vie sans elle et elle était toujours là. Pendant des années et des années et des années, et encore des années, elle était là. En filigrane. En arrière plan. En arrière pensée aussi.

Voilà, elle était là, et je l'aimais et je désespérais de jamais la retrouver.

J'ai fait ma vie, une vie normale, j'ai rencontré un homme, j'en ai fait le père de mes enfants, j'ai trouvé un métier, qui n'était pas le métier de mes rêves, j'ai vécu la vie qu'on attendait de moi, celle, très sage, qu'on ne lit pas dans les histoires, celle où il ne se passe rien : la voiture qu'il faut emmener au garage, l'otite de la petite dernière, les chats qui vont et viennent et miaulent pour leur pâtée, les poireaux qui montent en graine parce qu'on les récolte trop tard... J'ai vécu une vie qui n'était peut-être pas la mienne, pas complètement la mienne, on pourrait dire ça, en quelque sorte, mais pourtant, c'était la vie que je m'étais choisie. Puisque tous mes rêves, tout ce que je m'étais imaginé être et devenir était perdu, alors, pourquoi pas cette vie de magazine? Tout bien comme il faut... Les deux enfants, la maison à rénover et la tondeuse le dimanche matin... Je caricature, la tondeuse, c'est pas toutes les semaines, quand même...

Mais voilà, oui, voilà. Cette vie, que je regarde avec... étonnement. Un étonnement proche de la consternation, ce soir, en tout cas en l'écrivant de cette façon. Parce que, forcément, oui, c'est peut-être caricatural. Ou peut-être pas. Ou pas tant que ça, pas tant que ça. Quand nos rêves sont en miettes, on prend le premier rêve manufacturé qu'on nous vend. Moi, on m'a vendu la vie parfaite : un pavillon en banlieue, un métier sérieux, une situation respectable...

Mais je m'égare.

Toujours est-il que voilà. Je t'ai retrouvée, je t'ai écrit, tu m'as répondu, et moi aussi... Et j'ai senti que petit à petit, je me détachais. Que cette fois, sûrement, c'était un vrai adieu. Si tu ne m'avais pas aimé comme moi... alors voilà. Si on ne s'était pas trouvées, au départ, comme je l'avais cru et pensé ou imaginé, alors on ne risquait pas de se retrouver. Il était, il est donc vain d'attendre.

C'est pourquoi, maintenant, c'est fini. Je n'attends plus. Je ne crois plus. Je n'espère plus. Ce n'est pas triste, en tout cas, je ne crois pas. Ou alors, pas trop. Les fins ouvrent sur d'autres possibles, les chemins se terminent en tombant sur d'autres pistes et j'en suivrai bien une, une autre, qui m'emmènera ailleurs...

 

Je te garde dans mes pensées, ma belle, ma toute toute belle, toi que je n'aurais pas su aimer, finalement. Toi que j'aurais si peu rencontré, en vrai. Toi qui, toi qui... Toi qui là, tout le temps, tout le temps... Toi à l'aune de qui j'ai mesuré ma vie... Toi dont les devises sont devenues mes mots d'ordre. Toi qui, pendant ces quelques années où j'ai vécu pas trop loin de toi, a fait ma pluie et mon beau temps.

Toi que j'ai rêvé d'aimer si souvent.

Je te souhaite d'être heureuse et d'être libre et de voler comme le vent. Je te souhaite ta vraie vie, celle qui te fait rêver et met des paillettes dans tes yeux. Celle sur laquelle tu te retourneras en te disant « j'ai été heureuse, j'ai fait ce dont j'avais envie, ce en quoi je croyais, ce qui était important pour moi... » Je te souhaite d'aimer toujours, comme j'ai pu t'aimer. Parce que c'était beau. Parce que ça m'a nourri et porté, parce que ça m'a donné la vie...

 

 

2 avril 2012

Vieillir dit-elle

Je viens d'avoir 37 ans, c'est ridicule. C'est un âge ridicule, c'est un fait ridicule, qui a à peu près autant de sens que le QI ou le numéro d'immatriculation de ma voiture. C'est un chiffre qui veut tout et rien dire, qui ne dit rien de plus que le vrai nombre d'années qui me sont passées dessus. Cela devrait pouvoir avoir un sens, on devrait pouvoir savoir ce qu'il en est des gens, juste à connaître leur âge : on devrait pouvoir savoir quelles expériences ils ont vécues, combien de guerres ils ont traversées, on devrait pouvoir compter leurs rides comme on compte les cernes de croissance des arbres mais non, on ne sait rien des gens quand on connaît juste leur âge. On peut juste imaginer, catégoriser, et se planter.

Je n'imaginais pas mon corps comme ça, quand je m'imaginais à 37 ans. J’imaginais une femme que la vie a déjà usée, lasse, aigrie et cernée. Et j'en suis restée à ce que je pensais des gens de cet âge quand j'avais 20 ans, l'idée que je m'en faisais. Je les appelais «  les vieux croulants » avec mes copines... Or, je ne suis ni lasse, ni aigrie, juste un peu cernée – mais je l'étais déjà à 18 ans. Mes 37 années, j'ai plutôt l'impression de les avoir chevauchées plutôt que d'avoir été piétinée par elles. Il me semble qu'elles ne m'ont pas vraiment atteinte. Je me sens si jeune dedans... Dans le corps et dans la tête. Et dans le cœur. C'est juste quand je me regarde de l'intérieur, que je compte les saisons passées, que je vois mes enfants grandir, que je regarde mon visage qui tout de même a pris quelques ride que je me dis que je ne devrais pas être là, pas penser ça, pas vivre comme ça à mon âge... Ah ! mon âge, vous pensez bien !

Maintenant je suis vielle et croulante, en théorie, mais en pratique, qu'est-ce qui a changé depuis mes 17 ans ? Je suis strictement la même, non ? Et tout à fait une autre, bien sûr. Quelques futurs cheveux blancs ne changerons rien à mon optimisme. J'ai toujours une énergie qui semblerait inépuisable si je ne m'évertuais pas avec autant d'acharnement à l'épuiser. Mon cœur bat toujours pour rien, s’excite vite et se calme aussi difficilement. J'ai un cœur de midinette, un cœur qui aura toujours 15 ans, un cœur qui ne demande qu'à aimer. Bien sûr, il y a peut-être plus de barbelés autour de lui que lorsque j'avais15 ans. Je le protège un peu mieux, je ne l'expose pas autant. Ou pas sans précautions. Je me ménage, aimerais éviter les trop nombreuses insomnies. Il est occupé par plus de monde qu'avant aussi. Il s'est agrandi. Pour inclure notamment des enfants auquel je porte un amour délirant qui m’effraie parfois. Il est jonché de quelques cadavres, amours passées dont j'hésite à me débarrasser, vieilles histoires que j'aime à sortir du placard pour les dépoussiérer de temps en temps. Amitiés tenaces, rancunes peut-être que je n'oserais pas penser ? Copains d'enfance jamais abandonnés malgré le temps et l'absence d'actes posés. Il y en a du monde, là-dedans. Demandez, vous trouverez. Beaucoup d'amours rêvées, jamais vécues, jamais portées au grand jour. Pour que la lumière les fane ? Merci bien, mais non. Dans le creux de mon âme, je vous aime et vous protège de moi-même. Pas de regret. J'ai aimé qui j'avais à aimer, aussi bien que j'ai pu. J'aimerais juste aimer mieux, maintenant que le grand âge me guette.

Peut-être les années passant pourrais-je apprendre à... à quoi ? Que n'ai-je pas bien fait ? Que ne me suis-je pas autorisé ?

Flirter avec la passion, la folie, j'ai fait, il y a si longtemps. Oui, depuis, je me tiens à distance des grands élans furieux. Ou, peut-être sont-ils là, mes barbelés, m'empêchant de tomber dans la folie amoureuse. Dieu m'en garde... Mais, peut-être, oui, peut-être, aimerais-je encore, encore me jeter dans un amour fou, m'abandonner avec la même insouciance, carboniser en totale innocence ! Mais quel mensonge ! ai-je jamais eu cette insouciance ? A d'autres ! Je n'ai jamais rien lâché, jamais rien laissé filé, j'ai toujours tenu, tenu, tenu tout ce que je pouvais, mes boyaux avec mes mains et mon âme avec mes ongles, mes rêves au bord des lèvres et les sourires accrochés sur la bouche, s'il vous plaît, et en rang petit soldat... Alors je rêve de pouvoir, non pas de nouveau, mais enfin, aimer librement... Totalement. Complètement. Sans retenue. Me consumer entièrement. En voilà, une bien belle idée romantique que j'ignorais avoir gardée ! Tiens, ça me rappelle mon adolescence. Je lisais Baudelaire et Sartre et je voulais mourir malheureuse. Ce qui me confirme, qu'au fond, non, rien n'a changé. J'ai les mêmes aspirations et les mêmes garde-fous solides. Je ne tomberai pas. Peut-être pas. En tout cas, je ne suis pas encore tombée.

Mais sinon, sinon, dans mon cœur, dans ma vie, qu'est-ce qui a changé ? Je regarde les autres avec le même intérêt, la même gourmandise, je me sens aussi loin du monde en général mais plus à ma place qu'avant.

Quant à mon corps, il me semble aussi souple, aussi rapide et puissant qu'avant. Je peux danser, encore. J'ai même continué à progresser, moi qui pensait que la vie s'arrêtait à 20 ans, et que la décrépitude commençait le jour de cet anniversaire. Et bien non. Ça viendra, je n'en doute pas, mais ce n'est pas encore là. Je redoute terriblement ce moment. J'y pense sans arrêt. J'ai peur. Peur de ne pas supporter de vieillir. De voir les rides se creuser chaque jour un peu plus, les premiers cheveux blancs se perdre dans la masse des derniers arrivés, les muscles ramollir inexorablement, les tendons se fragiliser, la raideur s’installer, la fatigue gagner petit à petit. Mais là, non. Je n'ai pas encore changé.

Alors, pourquoi, certains jours l'impression d'être si vieille ? C'est le nombre, le nombre fait peur, la façon dont j’interprète le nombre dit quelque chose que je ne veux pas entendre. Ce nombre, c'est comme le tic-tac de l'horloge, qui compte inexorablement. Ça ne veut rien dire du tout, une seconde, ce n'est rien, mais on sait bien que les secondes s'ajoutant aux secondes nous rapprochent de la mort sur leurs petites jambes fines... Et 37 ans, ça dit quand même ça, aussi. Que le temps de ma future mort se rapproche. Et qu'il serait temps de vivre, vivre vraiment avant qu'il ne soit trop tard.

 

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31 mars 2012

Blessure

Toucher du doigt l'infime blessure
Et d'un regard la caresser
Blessure sacrée au cœur du cœur
Au fond de l'âme comme un soupir
Toucher des lèvres la corde raide
Qui mène au gouffre
S'y arrêter
Faire demi-tour
Marcher, marcher
Jusqu'à la fin du jour
Sentir le sang battre dans la plaie
Et remercier pour ce rappel constant
Je suis vivant

30 mars 2012

Où aller ?

Et maintenant, que faire, où aller, quel chemin suivre ? Quelles envies ? Quels possibles ? Pour quel but ? Faut-il y penser ? Faut-il suivre le vent et les odeurs les plus appétissantes ? Ou au contraire, faut-il projeter, imaginer, concevoir ? Est-il nécessaire de bâtir des plans sur la comète, d'envisager ceci ou cela ? Ou dois-je faire juste confiance au matin qui approche ? Faut-il rester en méditation jusqu'à la réponse ? Et quelles réponses attendre sur ce qu'apportera demain ? Il apportera ce qu'on aura voulu y voir, pour peu qu'on y mette assez d’énergie...

Mais je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais plus si je dois me laisser faire par les vents ou tenir fermement la barre. Si je dois chercher un sens et un fil conducteur à ma vie, ou bien la laisser filer en en profitant au maximum. Je ne sais plus. Mais le temps passe, le temps passe.

 

Ma vie s'échappe ; seconde après seconde je vieillis, me rapproche de la décrépitude, de la vieillesse, d'une possible déchéance. D'un affaiblissement et d'un ralentissement certain. Terrifiant futur. Peut-on vieillir sans se décatir ? (Et cette phrase est-elle en français dans le texte ?) Et peut-on continuer à plaire, à soi et aux autres, les cheveux blancs et le visage ridé ? Et comment court-on sur des jambes de 80 ans ? Comment fait-on pour fuir ?

Comment fait-on pour vivre quand on ne peut plus danser ? Ou peut-on toujours danser ? Peut-on aimer, et désirer, et vivre vraiment jusqu'à son dernier souffle ?

Peut-on voir les rides se creuser, la peau se flétrir, les muscles se ramollir sans se désespérer, sans se désoler ? Sans regretter de ne pas avoir assez couru, pas assez aimé, pas assez vécu ? Pas assez dansé ?

 

 

 

30 mars 2012

S'oublier et danser -

Peut-on dire à quelqu'un que son regard nous a bouleversé, qu'on a envie de recroiser encore ce regard, de danser juste pour se perdre dans son sérieux et son intensité ? Peut-on souhaiter le retrouver un jour, sur une autre piste de danse, ici ou là ? Peut-on ainsi, impunément, se noyer dans des yeux inconnus, se frotter à des corps inconnus, connaître la plénitude parfaite d'une danse, se faire remuer jusqu'au fond de l'âme par tant de gens... Peut-on danser ainsi, au point de perdre le sentiment du soi, se fondre dans l'univers ? Au point de vouloir s'annihiler ?

C'est quand même la preuve d'un manque de sérieux total ! Comment peut-on être perméable à ce point ? C'est la danse, la danse... La danse me tourne la tête, me fait perdre mes repère. Une semaine de danse nuit et jour, ça me met dans tous mes états. État d'ouverture totale au monde, état de disponibilité absolue, état de présence magique, lumière... je me noie, je me noie, je me noie...

Je veux m'oublier. Je veux l'intensité maximale. Je veux... je veux...

Je prends, je donne, je reçois, je ne suis plus qu'une plaque tournante, je donne, je reçois, je transmets, je transforme, j'accompagne, je bénis, je donne, je prends, je danse, je suis, je donne... Je ne suis plus que sensation, hors du temps, au delà du bien et du mal, loin de toute volonté.

Je suis juste un point qui tournoie dans l'espace, côtoyant, rencontrant d'autres points lumineux auxquels je vais me brûler... Un point lancé follement à travers l'univers dans une danse qui pourrait ne pas avoir de fin.

Je suis un corps total, une peau qui touche, caresse, je suis mes muscles qui respirent au rythme du mouvement, épousant si parfaitement le mouvement de l'autre. Je suis un corps vivant, tellement vivant que ça fait presque mal. Je suis un esprit ouvert sur le monde. Je suis une intuition en marche, accordée à l'esprit de mon partenaire du moment, en synchronie, en phase... Je suis l'amour gratuit, plein et juste, je suis la lumière qui réchauffe, je suis tout ce qui est...

 

Et la danse s'arrête, et le festival se termine et je retourne à la gravité, au sol, au quotidien. Je retrouve mes pensées chaotiques et mes doutes, je perds mon unité corporelle petit à petit, mes sensations d'ouverture. Le cœur, lentement se referme.

Il faut que je danse encore et encore et encore... Il faut que je retrouve, loin des cours et des moments de pratique le moyen de garder éveillées ces sensations, ce mode de penser et de vie.

Il faut que je trouve comment rester toujours vivante. Toujours reliée. Toujours en paix.

29 mars 2012

Cogiter et douter

On m'a demandé, il y a quelques mois, si je ne me lassais pas de m'entendre cogiter. Je me rappelle avoir répondu que non, que j'arrivais à avoir des pensées focalisées sur de nouveaux problèmes suffisamment régulièrement... La vérité, c'est que je passe à peu près tout mon temps de veille à tenter de ne pas penser. Et à y arriver si je peux gigoter en tout sens. Mais sinon, c'est la panique, très vite. Très très vite. Je m'en rends compte de plus en plus.

Et puis, ces émotions incontrôlables, ces larmes qui montent aux yeux pour un rien, pour un oui, pour un non, pour quoi faire, pour une image subliminale que je n'ai même pas eu le temps d'assimiler... ces peurs terrifiantes qui m'assaillent, ces doutes insupportables qui toujours, toujours, me guettent.
Chaque pas est un risque, que je prends, certes, mais un risque tout de même... Je sais, je crois, sur quoi je peux m'appuyer, mais je suis à la merci d'un sol possiblement mouvant. Ce qui hier était certain peut demain se révéler tout à fait autre. Les compétences que je crois avoir un jour, je suis persuadée de ne pas les avoir le lendemain.

Je passe du sublime au nul en un battement de cil.

J'ai la certitude de mon immortalité, puis l'intuition incontournable de ma friabilité...

28 mars 2012

Main dans la main

Main dans la main dans la bouche
Ne pas, parler
Main dans la main sur les yeux écrasés
Poing dans la main dans la bouche
Ne pas, hurler
Poing dans la main, dans la main dans la main
Ne pas, cogner
Yeux dans les yeux de faïence et de haine
Yeux dans les yeux
Ne pas
Ne pas...

 

 

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